Les tribulations d'un Marrakchi à Marrakech

Milos Forman, Président du jury du Festival de Marrakech

Forman2 C'est désormais officiel, c'est le cinéaste américain d'origine tchèque Milos Forman qui présidera le jury du septième Festival International du Film de Marrakech.

Le festival confirme son attrait pour les géants du cinéma et ce, malgré la concurrence féroce du Festival du Film de Dubai (organisé au même moment et doté d'un budget dix fois plus important).

Pour mémoire, Milos Forman a réalisé des chefs d'oeuvres comme Vol au-dessus d'un niz de coucou et Amedeus.

Filmographie complète dans la suite de la note!

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15/10/2007 dans Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)

Folie immobilière

Samanah Depuis ma note de septembre dernier, les choses n’ont pas changé. L’immobilier reste le premier sujet de conversation des marrakchis, et le « mètre carré » leur obsession quotidienne.

Les prix continuent à suivre une courbe exponentielle et l’éclatement de la bulle, toujours prédit pour « demain », tarde à survenir.

Les logements ont atteint des tarifs affolants : dans l’Hivernage, le plus ancien (et toujours le plus couru ) quartier résidentiel de Marrakech, les appartements se négocient souvent à plus 20.000 dhs le M². Une somme exorbitante dans un pays où le salaire minimum culmine à 1800 dhs. Un appartement de 100m² vaut donc un siècle de SMIG.

Le centre-ville de Marrakech ne devient donc pas seulement inaccessibles aux classes les plus défavorisées mais aussi aux classes moyennes, voire classes moyennes supérieures.

Les prix des terrains ont progressé de façon encore plus impressionnante. Des hectares de terres arides situées à plusieurs dizaines de km de Marrakech, qui trouvaient difficilement preneur il y a 5 ans à 200.000 dhs, s’arrachent aujourd’hui à 2 ou 3 millions de dhs, et parfois à plus encore.

Cette flambée du foncier entraîne un phénomène nouveau : l’apparition d’une nouvelle catégorie de nouveaux riches. Des familles qui vivotaient dans une quasi-misère se retrouvent du jour au lendemain à la tête d’immenses fortunes potentielles.

Un ami m’a raconté dernièrement une histoire qui est arrivée à son propre frère. Ce dernier employait un gardien, issu de la région de Marrakech, dans sa villa de Casablanca. Le gardien retourne dans son village natal pour les fêtes de l’aïd. Plusieurs jours se passent dans qu’il ne donne signe de vie. Le frère l’appelle pour prendre de ses nouvelles. Le gardien raconte que son père était mort, qu’il lui avait laissé à lui et ses frères des terres qu’ils étaient entrain de vendre. « Dès qu’on signe l’acte de vente chez le notaire, je reprends mon poste. T’inquiète pas. Makayn mouchkil ».

Deux autres semaines se passent sans que le gardien ne regagne la jolie villa de Casa. Le propriétaire s’inquiète et appelle à nouveau. A l’autre bout du fil, il trouve son gardien hilare qui lui annonce : « On a vendu les terres de mon père et ça m’a rapporté 10.000.000 de dhs. On est entrain de vendre une autre terre. Si tout se passe bien, ma part va se monter à 30.000.000 de dhs. » Puis il ajoute, après quelques secondes de silence interloqué de son ancien patron : « dites-moi Monsieur, vous ne voulez pas venir me rejoindre ici pour développer et fructifier tout ça ? ». Pour la petite histoire, l’ancien patron ne s’est pas reconverti en intendant de son ancien gardien… 

Cette anecdote n’est pas isolée. Des fortunes colossales se sont faites de cette façon, en un clin d’œil. Malheureusement, ces nouveaux riches n’ont pas toujours (doux euphémisme) l’esprit entreprenant et la créativité nécessaires pour transformer ce capital en investissements productifs.

Par manque d’imagination et surtout par peur de manquer après des années de vaches maigres, ces fortunes sont prudemment thésaurisées dans des comptes en banques dormants, ou, pire mais fréquent, stockés dans des sacs en plastiques noirs ensevelis sous des sacs de grains ou des montagnes de patates.

Bien planquées, elles continuent à alimenter les fantasmes d’enrichissement rapide, et entretiennent une vertigineuse folie immobilière.

03/06/2007 dans Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (11) | TrackBack (0)

ça bouge

Photo244_1

                  

A l’occasion de la réception d’une délégation d’élus français, le Wali de Marrakech a fait une présentation pour exposer les grands projets de la ville de Marrakech pour les années à venir.  Voici, en vrac, quelques uns de ces chantiers :

                      

  • L’extension de la capacité de l’aéroport de 2 à 4 millions sera achevée à la fin de cette année. Mais dès la fin de ces travaux, d’autres seront entamés pour porter la capacité à 8 millions.
  • L’actuel consulat de France (situé au pied du minaret de la Koutoubia) déménage. Les locaux qu’il occupe actuellement (Dar Moulay Ali, une belle demeure du XIX°s siècle) seront transformés en « Musée du Livre » (La Koutoubiatire son nom de « Kitab », livre, l’esplanade de la mosquée ayant longtemps servi de librairie à ciel ouvert)
  • Dans la rubrique déménagements, la Banquedu Maroc quitte son beau bâtiment colonial de la place Jamaa el Fna pour s’installer sur l’Avenue Mohammed VI. Son ancien siège deviendra un « Musée des Traditions Orales »
  • Les immenses terrains militaires situés sur la route de Casa seront restitués par l’armée. Ils seront aménagés en un nouvel espace urbain. On parle d’une nouvelle « médina » (dans le style Habous de Casa ? Pourquoi pas !)
  • Du même genre, le marché de gros déménage et libère 9ha de terrain en plein centre-ville. Un concours d’architecture a été lancé pour l’aménagement du site.
  • Le peuple peut dormir sur ses deux oreilles, il ne mourra pas de soif. L’approvisionnement en eau potable serait assuré « au moins jusqu’en 2060 » (après, on boira du thé à la menthe). Pour l’arrosage des jardins et des golfs, la seule solution est de recycler les eaux usées. Pour cela, une station d’épuration est en cours d’installation.
  • Le ramassage des ordures et la propreté urbaine (personnellement, j’ai remarqué un relâchement à ce niveau, dès qu’on quitte les grands axes) seront délégués à des sociétés privés.
  • Des parking souterrains seront construits, notamment sous la Place JamaaEl Fna (il était temps, c’est devenu une plaie de se garer dans le coin).
  • Des voix express seront construites pour relier Marrakech à ces principales villes satellites (Essaouira, Kalaat seraghna, etc..)
  • A l’image de Casashore à Casablanca, Marrakech aura bientôt sa zone dédiée aux activités offshore (call center, back office, …) à proximité de la ville nouvelle de Tamansourt
  • 400.000 palmiers seront plantés dans les années à venir. Tous les projets touristiques ont un cahier des charges qui leur impose de planter 40 palmiers par hectare.
  • Comme ce qui a été fait pour Arsat Moulay Abdeslam, les vieux jardins de la Médinade Marrakech seront réhabilités.
  • Un gros programme de réhabilitation de la Médinava être lancé. La municipalité financera le ravalement des façades. On ne peut pas demander aux habitants de la Médina, souvent pauvres, de prendre cela en charge.
  • Dans le même ordre d’idées, plus de 400 monuments historiques, disséminés dans des villages autour de Marrakech et souvent oubliés, seront rénovés. Ce qui permettra de proposer aux touristes des circuits de découverte de la région.
  • Et comme d’habitude, on annonce une flopé de projets de resorts sur 100, 200 ou 400 hectares, initiés par des investisseurs étrangers, pour des coûts de 150, 200, ou 400 millions d’euros, et installés à 15, 20 ou 30 kmautour de Marrakech. Selon M. Le Wali, l’éloignement de ces projets permet de sauvegarder l’authenticité de Marrakech.

J’ai oublié beaucoup de choses. L’équipe en place semble déterminée à avancer sans tomber dans les excès des dernières années (par exemple, les autorisations de construire de nouveaux immeubles sont gelés, dans l’attente de faire le point sur les zones « villas » à préserver)   En revanche, rien de nouveau sur le transport public de la ville qui est un grand point noir. A quand un tramway pour désengorger la circulation de plus en plus chaotique ?

20/09/2006 dans Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)

Le Café du livre

CafelivreJe le cherchais depuis mon retour à Marrakech : un café cosy, sympathique et sans prétention. Un endroit où on peut boire son expresso tranquillement, en lisant le journal ou en bouquinant, sans se soucier du rire gras des ploucs de la table d’à côté, des entreprises aguicheuses du bataillon de professionnelles en mission commando, ou des écrans géants qui diffusent les clips acidulés de la dernière chanteuse libano-nudsite à la mode.

               

Bref, un endroit où on ne va ni pour voir, ni pour être vu, mais pour passer un bon moment (ce qui va à l’encontre de la conviction profondément ancrée chez nos compatriotes selon laquelle un café est, précisément, un lieu d’exhibitionnisme social et de voyeurisme communautaire).

                     

Je pensais que ce café utopique n’allait jamais voir le jour. Beaucoup d’endroits ont ouvert ces dernières années à Marrakech. Ils se voulaient branchés, modernes, luxueux ou élitistes mais jamais simplement chaleureux et confortables.

             

Mais tout est possible dans une ville comme Marrakech où cohabitent autant de communautés étrangères. Le salut est finalement arrivé des américains. Des profs de l’Ecole Américaine de Marrakech ont ouvert le Café du Livre, au plein cœur du Guéliz (juste à côté du Catanzaro, dans la cour de l’Hôtel Toulousain).

             

Le Café du Livre est un café-librairie, ou plutôt un café-bouquiniste (la plupart des livres en vente sont de seconde main). On peut y trouver des livres en français, anglais ou italien. La déco est simple et chaleureuse (Youpi ! pas de machins chromés ni de néons bleus bizarres), l’ambiance très convivial et on peut manger des salades et d’autres légèretés du même genre.

                   

On peut apporter son ordinateur et profiter de la connexion WIFI ou choisir un des nombreux magazines et revues disponibles sur place.

                

Le Café du Livre n’est pas encore très connu et il y règne une atmosphère de calme très agréable. Il faut espérer que cette adresse se popularise suffisamment pour être rentable pour ses promoteurs et qu’elle demeure assez confidentielle pour ne pas perdre son charme.

12/09/2006 dans Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)

Les palmiers solitaires

Palmier

C’est quelque chose qu’on ne voit qu’à Marrakech : un palmier fièrement dressé au beau milieu de la route, contraignant parfois les automobilistes à de périlleux zigzags.

                

On ne croise pas ces palmiers sur les seules routes peu fréquentées de la Palmeraie (comme sur cette photo) mais même au milieu des petites rues étroites et encombrées de quartiers résidentiels comme Daoudiate ou Assif.

            

Ces pittoresques aberrations sont dues à une des nombreuses lois spécifiques à Marrakech (obligation de peindre toutes les maisons en rouge, limitation de la hauteur des bâtiments à celle du minaret de la Koutoubia, etc…). La loi sur les palmiers interdit formellement d’en couper, sous peine de très fortes amendes (5000 dhs par palmier, soit presque trois fois le SMIG).

                

Même les entrepreneurs de travaux publics sont assujettis à cette loi. Ils préfèrent donc laisser des palmiers au beau milieu de la route, en les signalant (ou pas !) par quelques aménagements sommaires.

20/06/2006 dans Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)

Les brits arrivent….

Brits…..et ils ont soifs de bières et de pounds

 Je recommande à nos amis anglophones la lecture de cet article, paru dans le dernier numéro du Sunday Times, sur la ruée à Marrakech des grands investisseurs immobiliers britanniques. Ce qu’ils préparent relègue les grands chantiers actuels au rang de puéril jeu de légo.

 Les chiffres donnent le tournis et posent les éternelles questions : faut-il se réjouir de l’afflux de ces investissements qui permettent à la ville de décoller économiquement et créent des dizaines de milliers d’emplois ? Ou faut-il craindre que la magie de Marrakech ne disparaisse sous la masse des villas à 1 million de livres ?

 Ce qui est rassurant est que ces projets concernent exclusivement les environs de Marrakech. La médina, Dieu merci, est épargnée.

 Nous avançons donc progressivement vers le Marrakech suivant : une immense médina médiévale, authentique et préservée ; et tout autour, une ville moderne, luxueuse, propre et aseptisée avec des hôtels de luxe, des complexes touristiques et des villas pour milliardaires qui s’étendent sur 20km à la ronde.

 Personnellement, et très cyniquement, je ne fais pas partie du chœur des pleureuses. L’industrie, et c’est douloureux pour moi de le dire, ne fera jamais la fortune de ce pays. Nous n’avons pas de pétrole. Si nous voulons que le produit brut par habitant ne soit plus de 1500 dollars par an, si nous voulons sortir les marocains de la misère, il ne nous reste que le tourisme. Et ce n’est pas le tourisme de grand-papa, le bricolage à la petite semaine, qui permettra au Maroc de décoller. Ces projets pharaoniques –qu’on retrouve à une échelle moindre dans d’autres ville comme Rabat, Casa, Tanger, Essaouira, El Jadida ou Saidia- sont peut-être notre chance.

25/10/2005 dans Débats, Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)

Ramadan Moubarak !

Rotation_de_imgp0126Bon ramadan à tous ! Profitez bien de ce mois de recueillement et de piété et n’abusez pas trop de la Chebakia et du slilou.

Cette année, le premier jour du ramadan coïncide avec la fête juive de Rosh Hasana qui célèbre le nouvel an juif. Un clin d’œil de Allah-Yahvé pour nous rappeler que nous adorons, en fin de compte, le même Dieu ?

Mais avant d’avancer sur le chemin du dialogue entre les religions, encore faudrait-il que nous autres musulmans réussissions à nous accorder un même jour pour commencer le ramadan.

Cette année, les pays du Golf, l’Egypte et les communautés musulmanes d’Europe ont entamé le jeûne Mardi ; les pays du Maghreb mercredi. La situation est cependant moins absurde que certaines années où les marocains et les tunisiens avaient commencé à jeûner alors que les algériens avaient encore un jour de sursis. A croire que le fameux croissant de lune qui annonce le début du ramadan est bien facétieux, et que, une fois par an, il décide de braver les lois de l’astrophysique pour abandonner son orbite et évoluer par bonds imprévisibles.

Le Ramadan est paradoxalement autant un mois de jeûne que de mémorables ripailles. Les chiffres que j’ai relevé dans une dépêche du ministère de l’agriculture sont impressionnants : pendant ce mois, les 30 millions de marocains consommeront 70 millions de litres de lait, 51.000 tonnes de viandes, 8.000 tonnes de tomates, 227 millions d’œufs et 70.000 tonnes de dattes !

Il faut dire que la cuisine marocaine fait preuve d’une extraordinaire inventivité pendant le ramadan, et nous reviendrons dans ce blog sur quelques succulentes spécialités ramadaniennes (c’est Amine qui sera content)

05/10/2005 dans Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (7) | TrackBack (0)

Boucherie

DcoupebovineDevinez de quoi le tout Marrakech parle en ce moment (A part d’immobilier bien-sûr) ? De la dernière soirée au Pacha ? Du séjour (très) discret de Nelson Mandela dans le Palais marrakchi de son copain le Prince Bandar d’Arabie Saoudite ? Du rocambolesque cambriolage du Palais Royal ? Non, vous avez tout faux. Marrakech ne parle que de bidoche, de viande, de saucisses, de faux-filets et de filets mignons, de coquelets farcis et de poules désossées.

 Pourquoi cette frénésie soudaine ? Un virus inconnu qui aurait transformé les marrakchis en de voraces carnivores ? Non, cela est déjà fait, et depuis longtemps. Je vous rappelle que les habitants de cette ville étaient réputés pour manger des pieds de mouton au petit déjeuner (ceci n’est pas une blague et quelques vieux artisans de la médina perpétuent cette tradition qui exige un estomac solide et interdit le port de tout vêtement moulant. Djellaba XXXXL obligatoire).

 Si les marrakchis parlent autant de viande, c’est à cause de l’ouverture dans la ville d’une boucherie-charcuterie géante, un vrai palais de la viande, un temple à la gloire de la saucisse. (Amen !)

 N’importe où dans le monde, cette ouverture n’aurait provoqué qu’un entrefilet (pas trop épais, merci) dans « Boucherie Magazine ». Mais comme les marrakchis ont une sacrée tendance à l’exagération, c’est devenu un évènement qui a relégué le passage de Blatter et de la FIFA dans la ville au second plan.

 Il faut reconnaître que l’endroit est vaste et que j’ai rarement vu, même en Europe, une telle variété de produits dérivés de la viande. C’est incroyable ce qu’on peut faire avec un bœuf (pauvre bête), un couteau et ….un millier d’autres ingrédients.

 Mais pour comprendre les vraies raisons de cette fièvre, il faut rappeler que le sport national du Maroc est de s’inviter à manger. Organiser des repas gargantuesques et en mettre plein la vue (et le ventre) à ses hôtes est notre spécialité. Nous sommes très forts dans cette discipline. Si c’était un sport olympique, le Maroc montrait indéniablement de quelques places dans le tableau des médailles.

 L’ouverture de cette boucherie et l’arrivée sur le marché de produits nouveaux a ouvert de nouveaux horizons dans « l’épatage des invités » aux ménagères marrakchis. Elles se sont donc ruées pour dévaliser le magasin. Bien évidemment, comme tout le monde a voulu en même temps parer sa table de ces produits nouveaux et rares, ils ne sont pas restés longtemps nouveaux et rares. Bref, si quelqu’un vous invite à manger chez lui à Marrakech dans les jours qui viennent, vous avez de fortes chances qu’il vous serve des saucisses aux épinards. Vous êtes prévenus.

20/09/2005 dans Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (14) | TrackBack (0)

Le « Mètre carré » contre les Tortues Ninja

1958C’est le grand sujet des dîners en ville à Marrakech : la flambée des pris de l’immobilier, les terrains dont le prix double ou triple tous les six mois, les taudis dans la Médina vendus à pris d’or à des anglais trop crédules, etc…

Plus effrayant que le cyclone Katrina, le « Mètre carré » est devenu l’obsession des marrakchis, le graal convoité de leurs jours et le cauchemar de leurs nuits.

On ne parle plus que de ces familles fabuleusement enrichies du jour au lendemain par la grâce du « Mètre Carré », ou de ces industriels qui ont vendus usines et machines pour se lancer dans une quête mystique du « Mètre Carré »…

Le « Mètre Carré » est sur toutes les lèvres. On raconte que les nouveaux nés apprennent à dire « Mètre Carré » avant  « Maman ».

Indifférent au culte qu’il suscite, le « Mètre Carré » continue son irrésistible ascension. Qui l’arrêtera ? Les Tortues Ninja ? Batman ? Bruce Willis ?

 Cependant, les montagnes ne montent pas jusqu’au ciel et j’invite les spéculateurs à méditer l’exemple de ce qui s’est passé en Floride en 1926. C’est détaillé et en anglais ici mais voici une traduction des passages principaux :

 « En 1920, la Floride est devenue est devenue une destination très populaire aux Etats-Unis parmi les gens qui n’aimaient pas le froid. La population augmentait rapidement et la demande de logements dépassa l’offre. Les prix ont doublé et parfois même triplé. Jusque là, il s’agissait d’une évolution naturelle. Mais, les nouvelles que les prix de quelque chose doublent  ou triplent attirent toujours les spéculateurs. L’injection d’énormes sommes d’argent dans l’immobilier a rapidement provoqué le décrochage des prix. Tout le monde était devenu en Floride soit un investisseur dans l’immobilier, soit un agent immobilier.

 Hélas, les lois du marché sont toujours les mêmes, pour la bourse comme pour l’immobilier. Quand vous achetez très cher quelque chose, il faut la revendre encore plus cher pour faire des bénéfices. Cela a marché pendant un temps : en une année, les prix ont quadruplé une nouvelle fois. Finalement, il n’y avait plus de gens « encore plus stupides » pour acheter des biens horriblement surévalués. Les prix ont commencé à baisser, tout doucement au début. Mais quand les spéculateurs se sont rendus compte qu’il y avait une limite au boom, ils commencèrent à liquider leurs biens pour réaliser leurs profits pendant qu’il était encore temps.

 Puis tout le monde a paniqué et a voulu vendre. Avec des milliers de vendeurs et très peu d’acheteurs, les prix se sont effondrés à une vitesse effrayante. Ils se sont stabilisés un moment puis ont repris leur dégringolade ».

 La leçon du fameux boom de Floride est la suivante :dans une situation « normale » de marché, les prix montent et se stabilisent à un niveau où l’offre équilibre la demande. Mais quand les spéculateurs s’en mêlent, ce pallier disparaît et les prix augmentent jusqu’au moment où la bulle se dégonfle brutalement.

 Si vous remplacez dans le premier paragraphe de la traduction « Floride » par « Marrakech », cela correspond parfaitement. Effrayant, non ?

 Ceci dit, un petit crack (tout petit, et temporaire) arrangerait bien mes affaires. Je cherche à me loger.

02/09/2005 dans Humour, Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (18) | TrackBack (0)

Avant / Après

Je viens de trouver cette photo de la Koutoubia vers 1888.

1koutoubia_1888_1

















Et voici le même minaret cette année (photographié d'un angle à peu près similaire)

034_marrakech_la_koutoubia_3













Intéressant, non?

28/07/2005 dans Vivre à Marrakech | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)

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Marrakech

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