Tanger a perdu hier la course à l’organisation de l’Exposition Internationale 2012. Après l’expérience malheureuse Maroc 2010, voici une nouvelle déception. Les scénarios sont similaires : un dossier marocain solide, un bon travail du comité de candidature, de bons échos et puis, au dernier moment, un renversement de tendance et une défaite sur le fil.
Si nous devons tirer une leçon de ces deux candidatures, c’est que nous devons prendre des cours du soir en lobbying. Nous n’avons pas été un protectorat français pendant 40 ans pour rien. De notre ancienne puissance tutélaire, qui a subi une déception similaire pour les JO de 2012, nous avons hérité de la même incapacité à louvoyer en eaux profondes pour emporter ces quelques voix qui viennent en bout de course faire basculer le cours des évènements. Les asiatiques, plus imprégnés de culture anglo-saxonne, possèdent en revanche ce talent utile pour les grandes compétitions internationales.
Nous devons également renforcer le poids diplomatique et la notoriété de notre pays en dehors de sa sphère traditionnelle d’influence (monde arabe, Afrique Francophone, Europe du Sud). En dehors de ces pays, nous paraissons encore trop souvent comme un pays au mieux méconnu, au pire végétant dans les profondeurs du sous-développement, exclusivement peuplé de nomades rustiques et de chameaux farouches.
Mais c’est précisément en participant à ce genre de compétitions, en courant le risque de la défaire et de la déception, qu’on assoit la notoriété du Maroc, et qu’on diffuse cette image d’un Maroc qui bouge, qui est engagé depuis quelques années dans un processus de développement rapide, qui n’exporte plus que des tomates et des mandarines, mais également des composants électroniques, des pièces détachées d’Airbus, des logiciels informatiques et des voitures.
Ce type de candidatures apportent une grande visibilité aux compétiteurs, et leur offrent une tribune pour transmettre des messages au monde.
Nous avons raison de saisir ces opportunités, d’autant plus que loin d’être honteuses, nos deux dernières défaites ont été plus qu’honorables. Perdre par 63 voix contre 77 face à un pays comme la Corée du Sud, en éliminant la Pologne au premier tour, signifie que le Maroc est un pays crédible, qui peut réunir de nombreuses nations derrière sa bannière. En passant devant la Pologne, dont tout le monde connaît le regain d’influence, le Maroc montre qu’il ne fait plus partie de ces pays qu’il faut prendre avec dédain et condescendance.
Enfin, pour élaborer son dossier technique, le comité de candidature a tracé un plan de développement urbain intégré de Tanger qui pourrait en faire une métropole moderne exemplaire. Mettre en œuvre les recommandations de ce plan, malgré les résultats du vote du BIE, serait la plus belle des victoires pour Tanger.