Les tribulations d'un Marrakchi à Marrakech

Nous sommes tombés bien bas

Feidian Je ne suis pas à proprement parlé un fanatique de football mais j’ai toujours un plaisir immense à regarder les matchs de la Coupe du Monde. Les joueurs jouent pour leur pays et mettent une ferveur et une passion dans leur jeu (à l’exception des français qui semblent s’ennuyer sur le terrain), qui donnent une saveur particulière aux matches.

                                  

Je n’allais donc pas laisser la cupidité de la FIFA                  

me priver de ce spectacle. Il fallait que je trouve rapidement un moyen quelconque de regarder les matches en direct. Je n’ai pas de récepteur analogique sous la main pour appliquer la méthode de La3zoui.

Après quelques recherches, j’ai découvert qu’il était possible de regarder les matchs gratuitement sur des chaînes diffusées par des logiciels de Peer To Peer tels que Feidian. Je me suis rué sur le soft. Après une installation simple et un rapide zapping, j’ai trouvé l’objet de ma quête éperdue : le match France-Suisse en direct. Le débit est bon et l’image correcte. Le seul problème est que seules des chaînes asiatiques sont disponibles sur ces logiciels, et que les matchs sont commentés en chinois (sur CCTV5)

                        

J’ai essayé de contourner ce (petit?) désagrément en coupant le son de Feidian et en écoutant les commentaires sur Radio France mais, après un bref instant d’euphorie, je me suis rendu compte que cette solution n’était pas aussi bonne que je le croyais.

                  

En effet, les directs de Feidan ne sont pas aussi directs que cela. Ils sont décalés par rapport aux « vrais directs » d’une minute à peu près. Cela n’a l’air de rien mais une minute de décalage entre ce que vous voyez et ce que vous entendez devient rapidement insupportable. Autant regarder les matchs en chinois.

                   

Comme la plupart des rencontres sont diffusées pendant mes heures de travail, je ne peux pas les regarder intégralement. Je dois me fier à la bande sonore pendant que j’effectue des tâches diverses et variées. Dès que j’entends le commentateur chinois s’exciter, « Alt+Tab » et je switche sur le match.

                  

Le prochain qui me dit que le sport est bon pour l’équilibre mental, je lui fais un mawashi.

14/06/2006 dans Mes petites aventures | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)

Koumissarria

CommissaraitDans un précédent poste, j’avais écrit que les toilettes d’un restaurant sont un bon indicateur de l’état général de l’établissement. Dans le même ordre d’idée, je pense qu’on peut se faire une opinion assez juste du niveau de développement d’un pays et de l’état général de sa société en visitant ces trois dépotoirs sociaux : les commissariats, les tribunaux et les centres des urgences des hôpitaux.

Dans ces lieux « extrêmes », se concentrent tous les rebuts de la société et ses sales histoires (petits escrocs et grands criminels, petits drames personnels et tragédies familiales, etc…). Toutes les verrues sociales y sont étalées, sans aucune pudeur, sous la lumière froide et blafarde des néons.

Je me suis rendu hier au commissariat de Sidi Youssef Ben Ali pour faire une déclaration de perte d’un document quelconque,. Ce n’était pas très réjouissant.

Ce qui frappe le plus, c’est la saleté. Le sol, qui n’a jamais connu la caresse nettoyante d’une serpillière, disparaît sous une épaisse couche de crasse. Les Murs, qui furent blancs à une époque, sont parcourus de longues traînées noires ou maronnasses.

Un détail m’a cependant amusé : les bureaux en bois sont recouverts de toiles cirées à fleurs, comme celles qu’on trouve dans les cuisines. Une coquetterie qui n’est pas inutile quand on songe aux tonnes de sfenj (beignets) huileux qui ont été consommés sur ces bureaux.

Une foule compacte s’entasse et attend son tour dans l’escalier qui mène aux bureaux. S’y côtoient familles eplorées, « convoqués » terrorisés ou simple usagers comme moi venus accomplir une formalité administrative fastidieuse.

Quand mon tour est arrivé, on m’a fait entrer dans un bureau minuscule et bas de plafond. Dans un coin, une armoire oblique défiait les lois de la gravité. Au milieu de la salle, trônait un grand bureau et, sur la toile cirée, l’inévitable machine à écrire Olivetti (Je n’ai pas aperçu le moindre ordinateur dans tout le bâtiment).

Le policier qui a pris ma disposition (en tapant bien évidemment avec un seul doigt sur sa machine) était relativement aimable et très correct. Mais quand le moment est venu de remplir la déclaration de perte proprement dite, j’ai eu la surprise de l’entendre me dire :

 - « C’est bien. Maintenant, va acheter le formulaire chez le gardien. »

- « Quel gardien ?» lui ai-je demandé, interloqué.

- « Celui qui garde les vélos à l’extérieur du commissariat »

 Je suis resté bouche bée. Je suis sorti donc du commissariat et trouvé le gardien qui m’a vendu le formulaire pour deux dirhams. Le fameux formulaire est une photocopie sur une demi-feuille A4 de l’imprimé administratif. Je suppose que c’est le genre de documents que l’administration est censée mettre gratuitement à disposition des usagers mais, notre administration étant ce qu’elle est, les employés du commissariat ont monté ce business minable avec le gardien. Il n’y a pas de petits profits.

 Je suis reparti du commissariat avec ma déclaration de perte, mais aussi avec la désagréable impression que qu’il reste encore beaucoup de chemin à faire à notre pays…

15/07/2005 dans Mes petites aventures | Lien permanent | Commentaires (8) | TrackBack (0)

Merci Maroc Telecom

IamMaroc Telecom m’a offert hier une formidable demi-heure d’évasion, une tranche de rêve qui vaut le film hollywoodien le plus palpitant, le feuilleton égyptien le plus larmoyant et la sit-com mexicaine la plus mal jouée…

Tout avait pourtant commencé le plus banalement du monde : je compose le 333 pour écouter mes messages et là, surprise, je tombe sur un message qui ne m’était visiblement pas destiné (je reçois très rarement des massages avec des débordements pareils d’amour et de jalousie mêlés). Je raccroche (après avoir quand même écouté le message en entier, je n’allais pas me priver de cette petite séance de voyeurisme virtuel) et recompose le 333, en espérant être orienté cette fois-ci vers la bonne messagerie. Mais je suis à nouveau connecté à une boite vocale qui n’est pas la mienne (il s’agissait cette fois-ci d’une histoire insignifiante de rendez-vous manqué).

Cela a bien duré une demi-heure : à chaque appel, je suis orienté vers une nouvelle boite vocale. A chaque fois, c’est une immersion dans l’intimité d’un nouvel abonné de Maroc Telecom.

Comme disait Coluche : « Tant que je gagne, je joue ». J’ai donc perversement continué à rappeler le 333, savourant ces tranches de vies des autres. Ce fut un formidable tour d’horizon de la société marocaine et de sa diversité (diversité linguistique d’abord : berbère, arabe et français sont utilisés à part presque égale).

J’avoue que la grande majorité des messages étaient sans intérêts. Le plus souvent c’était quelque chose du genre : « Bouchaïb ? Bouchaïb ? … Allôô…Allôô…Bouchaïb ? » . Mais certains messages étaient particulièrement croustillants : listes de courses (Dis-moi ce que tu consommes….), fournisseurs qui courent derrières leurs impayés, tendres déclarations d’amour et scènes de jalousies haineuses…

Le message le plus remarquable étant celui qu’un jeune homme (visiblement inverti) laissait à son petit ami. Une scène de jalousie particulièrement houleuse qui s’est conclue par ces mots d’une grande sagesse : « je savais que je n’aurais jamais dû sortir avec des marocains. J’aurais dû me contenter des étrangers » (le mot utilisé était « Gouar »).

Mais toutes les choses ont une fin, même les crises de delirium tremens des serveurs de Maroc Telecom. Après une dizaine d’appels, j’ai enfin été orienté vers ma boite vocale, sur laquelle une voix féminine, douce et sensuelle, m’a susurré : « vous n’avez pas de nouveaux messages ».

05/07/2005 dans Mes petites aventures | Lien permanent | Commentaires (19) | TrackBack (0)

Quelle belle journée!

Fourriere Je voulais consacrer ma note d’aujourd’hui à mon passage sur la radio régionale de Marrakech où, dans le cadre de l’émission « Sabah el Khir Mourrakouch », j’ai fait une brillante intervention sur mon domaine de spécialité : le café. J’ai en effet été longuement questionné sur le café, son histoire, la différence entre arabica et robusta, comment préparer le café, comment le conserver, etc…j’ai aussi profité de l’occasion pour faire un peu de pub à ma boite. L’interview passera mardi matin à 8h15. A vos transistors.

Je voulais vous exposer mes états d’âme de personne désormais célèbre (puisque je passe à la radio !). Je voulais aussi vous raconter comment j’ai été une nouvelle fois fasciné par les paradoxes que présente le Maroc : régie numérique très moderne et techniciens en djellabas, salle d’attente de la station squattée par de vrais marrakchis (100% pur jus. Garantis sans additifs ni conservateurs) qui se gavaient de thé à la menthe et de sfenj (beignets délicieux mais hiroshimas caloriques).

Je voulais vous raconter tout cela mais j’ai décidé finalement de dédier ma note à une actualité brûlante : le départ de ma voiture à la fourrière et ma plongée matinale dans un épuisant tourbillon administrativo-policier.

En sortant de mon interview, encore tout ému de mon entrée récente dans le star system, j’ai constaté avec effarement la disparition de ma voiture. Stupeur et tremblement. Le concierge d’un immeuble du coin remarque mon désarroi et, un sourire mauvais aux lèvres, prononce ce simple mot : « el fouriane ».

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20/05/2005 dans Mes petites aventures | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)

Voyage au bout de la nuit (et de l’enfer)

Aeroport Royal Air Maroc nous prend depuis longtemps pour des cons. J’en ai encore fait l’expérience hier. Très difficile de voyager avec notre compagnie nationale sans subir des retards insupportables. Le plus pénible est évidemment le manque d’explication et d’informations. Tel le missionnaire capturé par une tribu cannibale de nouvelle Guinée, il faut attendre patiemment et en silence, sans savoir quand et à quelle sauce nous serons mangés. A peine mieux considérés qu’un troupeau de moutons dociles, nous avons attendus une heure avant de pouvoir embarquer dans notre bétaillère du ciel.

C’est bien après minuit que nous sommes arrivés à l’aéroport de Marrakech. Nous pensions que nous étions sauvés, que le pire était derrière nous. Nous nous sommes lourdement trompés. Une file d’attente épouvantablement compacte s’était formée devant les guichets de la police. Un temps d’attente moyen d’au moins 80 minutes. A cause d’une mauvaise planification, trois avions ont atterris en même temps et l’aéroport de Marrakech (pourtant le deuxième du Maroc) s’est révélé incapable d’absorber le flot. Trois avions suffisent à désorganiser l’aéroport de la première destination touristique du Maroc. Un scandale.

Ce n’est finalement qu’à deux heures trente du matin que j’ai retrouvé mon lit. Heureusement que mon voyage à Paris a été particulièrement agréable…

21/03/2005 dans Mes petites aventures | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)

Ce matin, un miracle s’est produit

Police_3 Ce matin à 8h51, sur la route de mon travail, un petit miracle s’est produit. Je roulais tranquillement sur la double voie du quartier industriel, en pensant à ce que j’allais bien pouvoir raconter sur mon blog aujourd’hui.

Juste au moment où je me disais qu’une note sur les liens entre le bouddhisme tibétain et la métaphysique de Schopenhauer ne manquerait pas de piquant, un policier au regard sévère m’a fait signe de me garer.

Je ne voyais vraiment pas ce qu’il pouvait me reprocher : je suis passé au vert, je ne parlais pas dans mon portable, je roulais doucement, ma ceinture était mise, mes cheveux coiffés…En attendant que le policier ne vienne examiner mes papiers, je me mis à peaufiner une longue tirade de protestation. Je pris également un billet de 50dhs dans mon portefeuille que je dissimulai au creux de ma main, on n’est jamais assez prudent.

Je venais juste de tendre mes papiers au policier et me racler la gorge pour entamer ma tirade quand le miracle s’est produit. Un deuxième policier s’est approché et a soufflé quelque chose à l’oreille du premier. Celui-ci m’a alors rendu mes papiers, m’a dit qu’il s’était trompé, que je pouvais partir et tenez-vous bien, il s’est excusé ! Je n’avais jamais vu ça. En 26 ans de citoyenneté marocaine, je n’ai jamais vu un policier s’excuser. Au contraire, et quelques soient les preuves de leurs erreurs, les policiers persistent, nient les évidences, verbalisent, et ne s’excusent surtout pas. Je venais donc d'assister à un évènement excessivement rare. C’est certainement cela le « Nouveau concept de l’autorité » dont on parle au Maroc depuis quelques années.

En tout cas, je propose qu’on dresse une stèle, qu’on érige un monument, qu’on marque l’endroit où ce miracle s’est produit par quelque chose qui rappelle ce jour béni.

23/02/2005 dans Mes petites aventures | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)

Marrakech

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