J’ai fait deux grandes découvertes ce week-end : une
nouvelle adresse pour manger à Marrakech (youpi !) et une révélation
d’ordre existentielle et métaphysique sur mon décalage générationnel en
discothèque (si vous n’avez pas compris, ce n’est pas grave, tout s’expliquera
plus tard)
Commençons par la bonne nouvelle : Marrakech a
désormais sa brasserie parisienne. Compte tenu du considérable afflux migratoire français dans la ville, cela devait
bien arrriver. L’endroit s’appelle « Le Vaudeville » et vous
transporte, dès la porte franchie, à Paname : grands miroirs, cuivres,
serveurs habillés à la parisienne, banquettes de cuir rouge et surtout carte
qui fleure bon la cuisine des brasseries du bord de Seine (huîtres, moules frites,
tartare, saumon à l’unilatérale, profiteroles, etc…).
L’atmosphère de brasserie parisienne est restituée à
merveille par la décoration et l’ambiance bruyante (mais aussi par la présence
d’une nombreuse clientèle française). La cuisine n’est pas exceptionnelle mais
honnête.. Les prix sont plutôt sages, ce qui fait toujours plaisir dans une ville
où on a souvent l’impression que les restaurateurs ont fumé la moquette toute
neuve de leurs établissements.
Le patron (français, cela va sans dire) est très sympathique
et très présent en salle (ce qui est toujours bon signe).
Voici donc une bonne adresse pour s’évader de l’ambiance
orientalo-kitch qui domine à Marrakech, et déguster une cuisine française
traditionnelle.
Pour la découverte métaphysico-machin, elle fait référence à
mes sorties du week end.
Je dois d’abord signaler que, contrairement à ce que
pouvaient laisser penser certains de mes anciens posts, je suis (très) loin
d’être un clubber. Je fréquente les discothèques à une fréquence très modérée
(une fois par mois en moyenne) et je ne fais pas partie de ceux qui mettent le
feu au dance-floor. En fait, je ne danse jamais en boite (ni ailleurs d’ailleurs).
Je me contente généralement d’un fléchissement discret du genou et d’un léger
balancement de la tête pour signifier mon approbation des choix musicaux du DJ.
Je ne m’ennuie pourtant jamais en boite. Je passe mon temps
à discuter (en fait à hurler et baver dans l’oreille de quelqu’un qui hurle et
bave dans la mienne), à regarder les gens (et il faut reconnaître que les
discothèques sont un champs extraordinaire d’observation) et à écouter la
musique (si si ! comme je ne me trémousse pas dessus, j’ai tout loisir de
l’écouter).
Toutefois, grâce à une conjonction lunaire très favorable et
à la présence à Marrakech de quelques amis étrangers, j’ai multiplié les
sorties en discothèques cette semaine ; ce qui m’a mis face à une réalité
douloureuse : je ne fais plus partie de la caste dominante des jeunes. Je
m’explique.
Contrairement aux discothèques européennes très
spécialisées, presque toutes les discothèques marocaines sont fréquentées par
presque tout le monde. En bref, toutes les tranches d’âge et les orientations
sexuelles sont représentées (mais pas toutes les classes sociales, mais cela est
un autre et douloureux problème). Toutefois, le groupe dominant est celui des
jeunes mâles hétérosexuels et indigènes (par opposition aux touristes). Ce sont
les rois de la discothèque, dans laquelle ils entrent d’un pas fier, en bombant
le torse et en jetant un regard dédaigneux aux vieux et aux touristes. Même si
je ne bombais pas le torse et ne dédaignais personne, je m’identifiais
inconsciemment à ce groupe quand je sortais en discothèque à marrakech.
Or, cette semaine, j’ai dû me résoudre à admettre l’atroce
vérité : j’étais déjà un « vieux » et cette caste dominante est
formée aujourd’hui par les petits frères de mes copains de lycée et de collège.
Je dois désormais me résoudre à entrer en boite le plus
discrètement possible, rasant les murs et m’inclinant en de profondes
courbettes pour remercier d’avoir été toléré à l’intérieur. C’est un long et
pénible apprentissage de l’humilité qui commence. Mais je saurai prendre ce
changement de statut avec stoïcisme. Parole de vieux.