Après ma dernière note sur le débat présidentiel entre Sarkozy et Royal, on m’a accusé de manquer d’objectivité et de juger le débat à travers le prisme déformant de mes sympathies de droite.
Ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est pas entièrement vrai non plus.
Je ne suis pas de droite, mais je suis encore moins de gauche. Le Discours de la gauche française m’horripile surtout sur un point précis : la haine des entreprises, des entrepreneurs et de la réussite individuelle.
Créer une entreprise, réussir et s’enrichir est un crime inexcusable. Si l’égalité est une valeur républicaine, elle est dévoyée quand elle se transforme en une obsession du nivellement par le bas. Pas de tête qui dépasse !
Quand la gauche comprendra t-elle qu’il est urgent de cesser de diaboliser les entrepreneurs et de raviver l’envie d’entreprendre en France ?
Cependant, je ne suis pas un ultra-libéral. Si je considère que la liberté d’entreprendre est la clé de la réussite économique d’un pays, je pense que l’Etat doit continuer à jouer son rôle de parachute social, de modérateur et de régulateur, pour éviter les dérives du capitalisme sauvage.
Je plaide pour une forme pragmatique du socialisme, qui protège les faibles, mais autorise, encourage et valorise la réussite individuelle.
Ségolène Royal, au lieu de s’orienter vers cela (alors qu’elle avait une fenêtre d’opportunité idéologique et politique idéale pour le faire), s’est enfermée dans un programme archaïque, et a fait siennes les antiennes dépassées de la vieille gauche. Son programme est dangereux pour l’économie française, et alimentera les maux qui minent la société (corporatisme, déclinologie, angoisse de l’avenir, etc.)
Pour sa part, Sarkozy a un programme économique plus cohérent. Mais sa propension à user de menaces politiques, sa brutalité, sa soif de pouvoir sont inquiétants. Toute sa personne est tendue, depuis plusieurs décennies, vers un seul objectif : conquérir le pouvoir suprême. Malheur à celui ou celle qui se pose en obstacle sur son chemin : il sera écrasé, trahi ou humilié.
Au fonds, tous les hommes (et femmes !) politiques du monde sont comme cela. Impossible de jouer à si haut niveau sans mettre entre parenthèses sa morale et ses principes. Mais la formidable intelligence de Sarkozy, et son absence d’enrobage bonhomme (et d’humour), le rend encore plus inquiétant.
Pour ces raisons, il provoque le rejet farouche de millions de français. Et cela est inquiétant pour le 6 Mai.
Lors des précédentes présidentielles françaises, les partisans du vaincu se faisaient discrets, pendant que ceux du vainqueur sortaient dans les rues pour fêter la victoire. Si Sarkozy gagne dimanche (hypothèse très probable), ses partisans envahiront la rue, mais, très probablement, ses opposants aussi.
La nuit sera chaude.