Les tribulations d'un Marrakchi à Marrakech

Preview du prochain gouvernement

Fassi Notre reporter bloggeuse, Najlae, a publié sur son blog une pré-liste du prochain gouvernement qui circule dans les rédactions marocaines et est apparemment crédible.

Certains noms sont sujets à caution mais, grosso modo, les ministres de l’ancienne équipe qui ont fait des résultats ont été reconduits.

Attendons la confirmation officielle pour de plus amples commentaires…

11/10/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (1)

En attendant le 1er ministre..

2007elec Je suis allé voter très tôt le 7 septembre, dès l’ouverture des bureaux de vote. J’ai été un des premiers à voter et, au vue des résultats, un des derniers.

J’ai passé le reste de la journée à exhiber avec fierté mon doigt maculé d’encre indélébile à une foule de sceptiques.

Pourquoi les marocains ne sont pas allés voter ? Comme toujours au Maroc, essayer de trouver une explication définitive est illusoire. Les soubresauts de la société marocaine sont aussi faciles à décrypter que le mode d’emploi d’un Airbus A380 rédigé en chinois. En effet, un faisceau de causes explique ce score pitoyable de 37%.

Tout d’abord, le gouvernement, et a fortiori le parlement dont il est censé être issu, paraissent inutiles dans un régime où le Palais semble être seul à l’origine des grandes initiatives et des principaux accomplissements du pays (Tanger Med, usine Renault, Bouregreg, investissements du Golf, etc…). Difficile de se passionner pour la désignation de gestionnaires des affaires courantes.

Ensuite, Les parlementaires sortants ont réussi, avec un extraordinaire brio, à décrédibiliser leur fonction. Il faut avouer que la première chaîne marocaine les y a assistés avec son zèle coutumier, en diffusant les mercredi après-midi des séances de questions orales soporifiques, dans un hémicycle désert où les rares présents s’employaient au choix à (j’exagère à peine) :

      • Roupiller
      • Faire leurs mots croisés
      • Se curer le nez

Difficile de demander aux gens de se déplacer pour élire une assemblée de schtroumpfs paresseux et de nains dormeurs.

Les initiés vous diront que la présence est plus assidue et le travail plus sérieux dans les commissions spécialisées, mais l’opinion publique ignore jusqu’à l’existence de ces commissions, et ce sont les plénières diffusées en direct à la télévision qui façonnent l’image qu’elle se fait du parlement.

D’autres causes à cette désaffection peuvent être évoquées : la suspicion sur l’intégrité des élections, le timing : beaucoup de marocains étaient trop occupés à résoudre l’impossible équation financière « retour de vacances + rentrée scolaire + achats du Ramadan » pour se passionner pour la campagne (le premier qui trouve la solution avec la variable salaire = SMIG=1800 dhs gagne le mouton de l’aid el Kebir qui n’est plus trop loin non plus), etc…

Cette inquiétante abstention mise à part, les résultats des élections sont rassurants parce que…. Rien ne va changer.

Jamais on a autant pressenti au Maroc les prémices d’un décollage économique : explosion des investissements étrangers, mise à niveau des infrastructures, expansion de certains secteurs, etc…

Si le cap est maintenu, le Maroc pourrait être au seuil d’une période de développement inédite capable de le sortir des trop longues décennies de croissance molle et de résorber des inégalités sociales et la pauvreté.

Mettre en cause cette dynamique fragile aurait été une catastrophe.

Les résultats des dernières élections laissent penser que l’équipe qui a été derrière ce frémissement sera maintenue. De jeunes ministres comme Ghellab, Douiri, Hjira ou Mezouar, ont fait un travail remarquable. Ils méritaient d’avoir l’opportunité de mener à terme les visions stratégiques qu’ils ont initiées. Encore mieux, le prochain premier ministre pourrait bien être un de ceux-là.

Les cinq années qui viennent seront décisives : soit l’essai est transformé et le Maroc réussit à offrir un horizon d’espoir à ses citoyens les plus désespérés, soit le pire pourrait survenir…

17/09/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)

Portraits de la jeunesse marocaine

Jeunesse Malgré un emploi du temps très chargé (et qui me tient éloigné de mon cher blog et non moins adorés lecteurs) (au point où j’en suis, j’ai intérêt à faire des excès de flagornerie pour me faire pardonner), malgré donc cet emploi du temps infernal, j’ai accepté une offre alléchante : faire partie des jurys d’oraux aux concours d’admission de l’ENCG Marrakech.

Pendant donc toute une matinée, j’ai vu défiler devant moi quelques échantillons de la jeunesse marocaine. Près d’une vingtaine au total.

 Echantillons certes, mais pas représentatifs pour autant. Pour avoir le droit de passer le concours d’entrée de l’ENCG, il faut avoir obtenu une moyenne minimale de 15 sur 20 au baccalauréat. Il s’agissait donc d’éléments particulièrement brillants. Le haut du panier en somme.

Cette excellence académique ne fait qu’accentuer la gravité de certaines impressions inspirées par ces oraux. La crème de la jeunesse marocaine n’est pas une crème brûlée, mais elle a besoin de se reprendre en main.

Dans leur grande majorité, ces étudiants, visiblement très intelligents, souffrent d’une inculture et d’un manque de curiosité affligeants. Très peu d’activités parascolaires, pas de lectures, aucun intérêt pour la vie publique et beaucoup d’idées préconçues.

C’est le système scolaire dans son ensemble qui produit ces mutants si peu adaptés au monde professionnel. La déification du « par cœur », la faible valorisation des « matières d’ouverture », les programmes chargés jusqu’à l’absurde, etc… tout cela pousse nos meilleurs lycéens à se recroqueviller sur leurs cahiers de cours. Tout le reste est jugé comme étant, au mieux quelque chose de superflu, au pire quelque chose de dangereux et de subversif qui distrait des études.

Ce système produit d’excellents techniciens mais des citoyens incapable de s’ouvrir sur le monde et d’exercer leur esprit critique.

On comprend alors que des médecins ou des ingénieurs adhérent aux discours les plus extrémistes.

Sur le plan professionnel, ils auront des difficultés énormes dans les entreprises modernes où il s’agit moins de savoir faire que savoir faire savoir, réussir à se mettre en valeur, à convaincre, etc. C’est désespérant d’avoir en face de soi des lycéens qui ont eu plus de 17 au bac mais ne peuvent répondre à des questions que par borborygmes et fragments de phrases.

Cependant, le portrait que je viens de brosser est un tableau général et quelques exceptions en atténuent la noirceur. Sur les 20 candidats que j’ai vu défiler,  cinq étaient particulièrement excellents et ont ravivé ma foi dans la jeunesse marocaine. Sur les cinq… quatre sont des filles.

Dans l’ensemble, les filles étaient bien meilleures que les garçons. Les autres jury ont confirmé ce constat : les filles étaient à chaque fois plus cultivées, plus curieuses, plus charismatiques et plus sûres d’elles-mêmes.

Décidemment, les femmes sont l’avenir et l’espoir de ce pays.

26/07/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (12) | TrackBack (0)

C'est plié?

Résultats du dernier sondage publié après le débat présidentiel : Sarkozy creuse l'écart et l'emporte par 55% contre 45%

Je n'avais donc pas rêvé quand j'ai écrit que Sarkozy est sorti nettement vainqueur du débat et a été plus convaincant.

En grande exclusivité : les notes prises par Sarkozy pendant le débat...

(J'aimerai bien en connaître l'auteur)

(Cliquez pour agrandir)

Notes_sarkozy_2_mai1_2

05/05/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (2)

La nuit sera chaude

Emeutes_banlieues Après ma dernière note sur le débat présidentiel entre Sarkozy et Royal, on m’a accusé de manquer d’objectivité et de juger le débat à travers le prisme déformant de mes sympathies de droite.

Ce n’est pas totalement faux, mais ce n’est pas entièrement vrai non plus.

Je ne suis pas de droite, mais je suis encore moins de gauche. Le Discours de la gauche française m’horripile surtout sur un point précis : la haine des entreprises, des entrepreneurs et de la réussite individuelle.

Créer une entreprise, réussir et s’enrichir est un crime inexcusable. Si l’égalité est une valeur républicaine, elle est dévoyée quand elle se transforme en une obsession du nivellement par le bas. Pas de tête qui dépasse !

Quand la gauche comprendra t-elle qu’il est urgent de cesser de diaboliser les entrepreneurs et de raviver l’envie d’entreprendre en France ?

Cependant, je ne suis pas un ultra-libéral. Si je considère que la liberté d’entreprendre est la clé de la réussite économique d’un pays, je pense que l’Etat doit continuer à jouer son rôle de parachute social, de modérateur et de régulateur, pour éviter les dérives du capitalisme sauvage.

Je plaide pour une forme pragmatique du socialisme, qui protège les faibles, mais autorise, encourage et valorise la réussite individuelle.

Ségolène Royal, au lieu de s’orienter vers cela (alors qu’elle avait une fenêtre d’opportunité idéologique et politique idéale pour le faire), s’est enfermée dans un programme archaïque, et a fait siennes les antiennes dépassées de la vieille gauche. Son programme est dangereux pour l’économie française, et alimentera les maux qui minent la société (corporatisme, déclinologie, angoisse de l’avenir, etc.)

Pour sa part, Sarkozy a un programme économique plus cohérent. Mais sa propension à user de menaces politiques, sa brutalité, sa soif de pouvoir sont inquiétants. Toute sa personne est tendue, depuis plusieurs décennies, vers un seul objectif : conquérir le pouvoir suprême. Malheur à celui ou celle qui se pose en obstacle sur son chemin : il sera écrasé, trahi ou humilié.

Au fonds, tous les hommes (et femmes !) politiques du monde sont comme cela. Impossible de jouer à si haut niveau sans mettre entre parenthèses sa morale et ses principes. Mais la formidable intelligence de Sarkozy, et son absence d’enrobage bonhomme (et d’humour), le rend encore plus inquiétant.

Pour ces raisons, il provoque le rejet farouche de millions de français. Et cela est inquiétant pour le 6 Mai.

Lors des précédentes présidentielles françaises, les partisans du vaincu se faisaient discrets, pendant que ceux du vainqueur sortaient dans les rues pour fêter la victoire. Si Sarkozy gagne dimanche (hypothèse très probable), ses partisans envahiront la rue, mais, très probablement, ses opposants aussi.

La nuit sera chaude.

04/05/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (4) | TrackBack (0)

Bowling for Casablanca

070415awifeature1photo1 La série d’attentats suicides qui a ensanglanté Casablanca (et qui n’est peut-être malheureusement pas terminée) provoque plus un sentiment de malaise que de peur.

Même si nous avons tous peur de croiser le chemin d’un de ces malheureux, c’est principalement un sentiment d’angoisse et d’incompréhension qui prédomine. Plus que du terrorisme, c’est de « l’angoissisme ».

Angoisse face à l’absurdité de ces attentats qui ne tuent que leurs auteurs, angoisse face à l’obscurité de leurs motivations (aucune revendication, aucun message posthume), angoisse face au caractère entièrement nouveau de ces attaques qui n’entrent pas dans le schéma classique des attentats islamistes…

Le seul phénomène similaire qui me vient à l’esprit est la vague de tueries dans les écoles américaines commises par des adolescents paumées : le même caractère gratuit, le même désespoir d’une jeunesse exclue, la même identification à une violence omniprésente qui leur semble la seule issue, le même mimétisme et panurgisme. Comme toutes les comparaisons, celle-ci a des limites : nos terroristes sont manipulés par de mystérieux commanditaires, alors que les adolescents américains nourrissent leurs desseins meurtriers enfermés entre les murs de leurs chambres recouverts de posters de Heavy Metal.

Le désespoir provoqué par une misère sans issue, les frustrations devant un luxe inaccessible étalé sans vergogne à quelque  pas des bidonvilles, la glorification par des médias arabes du martyre et de la ceinture d’explosifs, ne pouvaient qu’engendrer ces monstres qui se font sauter parmi nous.

16/04/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (6) | TrackBack (0)

Drôle d’attentat

Cyberattentat Il est vraiment curieux cet attentat qui a dévasté un cybercafé de Casablanca la nuit dernière.

Tout est étrange dans cette attaque. Le lieu d’abord : un cybercafé dans un quartier populaire. Un endroit qui est loin d’être fréquenté par la « bourgeoisie décadente » ou les « touristes débauchés » (cibles traditionnelles des islamistes)

Le déroulement de l’attentat : le fils du propriétaire du cybercafé qui veut empêcher les terroristes de consulter des « sites qui font l’apologie du terrorisme ». Une bagarre s’en suit, puis l’explosion.

Les explications des autorités : les terroristes auraient voulu prendre leurs instructions sur Internet et apprendre où ils étaient censés se faire exploser.

La réaction de la rue casablancaise : tout le monde s’en fout, les gens n’en parlent presque pas. On s’y intéresse autant qu’à la dernière explosion à Bagdad.

Le plus étonnant demeure le degré d’amateurisme de l’organisation de l’attentat :  deux pauvres bougres qui vont au cyber , leurs bombes autour de la taille, apprendre où ils vont se faire sauter ce soir...

Mais au lieu d’être rassurant, savoir que les terroristes étaient aussi mal organisés est au fait très inquiétant.

En effet, cela pourrait laisser penser qu’à côté de groupuscules très organisés (capables d’imaginer des attentats aussi sinistrement sophistiqués que Madrid), s’agitent de petits groupes qui font du terrorisme en dilettante, dans leur coin, avec les moyens du bord. Ceux-là sont certainement, précisément à cause de leur côté amateur et insaisissable, plus difficiles à noyauter, surveiller et démanteler.

Espérons donc que ce scénario de film comique ne se transforme en celui de film d’horreur.

12/03/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (5) | TrackBack (0)

Pour clore le débat?

Cover Pour mettre fin au débat passionné sur la situation réelle des droits de l’homme au Maroc, je vous renvoie à la lecture du rapport 2007 de l’association Human Right Watch, qui ne peut vraiment pas être accusée de complaisance.

Cette association fait un inventaire très détaillé des abus constatés en 2006 (très nombreux, le Maroc a encore un très long chemin à parcourir), mais reconnaît que le pays a fait des progrès significatifs au cours des années écoulées.

Il faut donc une bonne dose de mauvaise pour affirmer que rien n’a changé…

27/01/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (2) | TrackBack (0)

Du bon usage de la liberté

Funambule Deux affaires récentes ont relancé le débat sur la liberté de la presse au Maroc. L’affaire des blagues sur la religion publiées par Nichane, puis la démission de Jamai, le patron du Journal Hebdomadaire.

Bien entendu, cela a donné l’occasion aux Tuquoi et compagnie de ressortir des laïus sur la « démocratie de façade » et « l’ouverture en trompe l’œil » du régime marocain. Bref, rien n’a changé depuis Hassan II et le Maroc est toujours une obscure autocratie.

Je me souviens de la presse au Maroc sous Hassan II. Je me souviens que beaucoup de journaux étrangers (y compris Le Monde et Jeune Afrique) étaient régulièrement saisis et disparaissaient longuement des kiosques. Je n’ai aujourd’hui aucun problème à acheter au bout de la rue un numéro du Monde qui publie un article au vitriol contre le Maroc, ou un journal marocain qui enquête sur  les holdings royaux.

Prétendre que les journalistes marocains exercent leur métier dans la même ambiance pesante que pendant les années plombs est malhonnête, comme il serait stupide d’affirmer que la presse marocaine bénéficie d’une liberté parfaite.

Les lignes rouges à ne pas franchir sont de moins en moins nombreuses, et de plus en plus souvent impunément franchies. Il subsiste encore trois sujets qui braquent le régime : la remise en cause de la monarchie (et pas la critique de son fonctionnement, plutôt tolérée), le questionnement de la marocanité du Sahara (la stabilité du pays en dépend) et les attaques contre l’islam (certainement moins par principe que pour ne pas attiser la flamme islamiste).

Le numéro de Nichane qui contient les blagues jugées offensantes a été vendu sans problème. Il n’a été retiré des kiosques que pour être remplacé par le numéro suivant, une semaine après sa publication. Le gouvernement n’a réagi qu’à partir du moment où une instance religieuse koweitienne a protesté officiellement. Que pouvait-il faire à partir du moment où l’affaire s’était internationalisée ? Ne rien faire et laisser la polémique enfler dans un contexte tendu et dégénérer en une nouvelle affaire des caricatures danoises aux retombées dramatiques? Ou alors, feindre l’indignation, convoquer un procès, et espérer que cela désamorce l’affaire, au risque d’écorner l’image de démocratisation du Maroc ? Le gouvernement a arbitré en faveur de la solution qu’il a jugé la moins pire.

Le verdict du procès, plutôt clément, semble confirmer ce scénario. C’est vrai que les journalistes de Nichane ont frôlé la prison, ce qui est inadmissible. Il est plus que temps d’abolir les peines privatives de liberté pour les délits de presse. Cependant, cette mise en scène a calmé les esprits, et les barbus n’ont pas eu le temps de capitaliser sur cette histoire pour faire leur promotion.

La seconde affaire, celle de Jamai, ne vaut même pas qu’on s’y attarde. Je n’ai pas envie de livrer le fonds de ma pensée sur Jamai, mais je suis loin de le considérer comme un héros de la liberté de la presse. Malheureusement, certains journalistes marocains n’ont aucun scrupule à prostituer l’image de leur pays et à agir de façon irresponsable pour se forger, à l’étranger, une image de combattants de la liberté.

Je suis conscient du cynisme de mes propos, mais je pense que, compte tenu de la situation du Maroc, les journalistes doivent se montrer responsables et admettre que tout ne peut pas être écrit. Le Maroc n’est pas une démocratie. C’est un pays en voie de démocratisation. La démocratie est notre horizon, et malheureusement pas encore notre réalité. La destination est encore loin, mais nous avons déjà fait un joli bout de chemin.

Notre pays doit se livrer à un véritable numéro de funambulisme, au dessus d'un gouffre, sur une corde chancelante. Ce n’est pas en le poussant dans le dos pour le faire avancer plus vite que les journalistes l’aideront à arriver indemne.

21/01/2007 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (18) | TrackBack (0)

Voisinage

Sahara_1 On ne choisit pas sa famille et, dans le cas des nations, ses voisins. La polémique née depuis quelques jours autour du nouveau rapport de l’ONU sur la situation au Sahara a donné libre cours à un tel déballage de fiel dans la presse marocaine et algérienne que la perspective d’un voisinage plus pacifié entre les deux pays n’a jamais semblé aussi éloignée.

On dit souvent qu’une guerre entre le Maroc et l’Algérie est presque impossible. Il paraît effectivement peu probable que les gouvernements des deux pays soient un jour suffisamment fous pour entraîner leurs deux pays dans une aventure qui pourrait avoir des conséquences désastreuses pour toute la région et au coeur même de l'Europe (je n’ose même pas imaginer le conflit transposé dans les banlieues parisiennes au sein de la communauté maghrébine).

Toutefois, des envolées aussi haineuses dans la presse rappellent les diatribes publiées dans les presses françaises et allemandes à la veille des guerres mondiales. On cultive savamment, par une propagande distillée à doses chevalines, une haine et une méfiance réciproques chez les deux peuples.

Je ne peux pas être totalement objectif dans cette affaire. Je suis marocain et je suis convaincu de la justesse des thèses de mon pays. Depuis son indépendance, le Maroc a avalé de nombreuses couleuvres territoriales. Il ne peut pas abandonner le Sahara qui a joué un rôle si important dans son histoire et qui est constitutif de son identité.

On rapporte que le président Moubarak aurait dit un jour que « priver le Maroc du Sahara est comme priver l’Egypte des pyramides ». Sur la forme, cette citation n’est probablement pas authentique. Sur le fond, c’est une opinion que je partage totalement.

On présente le référendum d’autodétermination comme une solution évidente. Est-ce aussi évident que cela ? Si les référendums étaient aussi « évidents », il y a longtemps que les Espagnols auraient organisé un référendum au Pays Basque, les Français en Corse ou les Anglais en Irlande du Nord. Si ces pays, qui ne sont pas à proprement parler des dictatures, n’ont pas organisé des référendums pour clore définitivement ces dossiers, c’est probablement que les référendums ne sont jamais des solutions évidentes.

La solution proposée par le Maroc, une très large autonomie sous souveraineté marocaine, est une porte de sortie qui permet à toutes les parties de sauver la face. Les Sahraouis obtiennent une quasi-indépendance, les Algériens passent pour les bons samaritains qui ont permis aux Sahraouis d’obtenir autant de libertés et les Marocains sauvegardent leur unité territoriale et évitent une perte qui peut déstabiliser tout le régime et semer le chaos dans le pays.

En refusant catégoriquement cette solution, les Algériens donnent l’impression de ne rechercher que le maximum de nuisance pour le Maroc. Cet acharnement à défendre la « cause sahraouie » chez des généraux algériens qui dénient ses droits élémentaires à leur propre peuple est douteux. Il est curieux de se faire le chantre de l’autodétermination pour les sahraouis quand, dans son propre pays, les kabyles sont opprimés et peinent à obtenir un minimum d’autonomie et de considération pour leur culture et leur langue.

Tous les économistes sont formels : les pays du Maghreb ne pourront pas suivre des chemins de développement parallèles et cloisonnés. Hors de l’Union du Maghreb Arabe, point de salut. C’est criminel aujourd’hui de priver 80 millions de maghrébins de tout espoir de vie meilleur en persistant à réclamer une impossible indépendance pour 100.00 sahraouis auxquels le Maroc propose, par ailleurs, un statut tout à fait digne et honorable.

09/10/2006 dans Débats | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)

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Marrakech

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