Je pensais tout connaître des somptueux trésors cachés de
Marrakech : les immensités silencieuses de l’Amen Jenna, les riads
verdoyants où murmurent d’ancestrales fontaines, la piscine rouge sang du
Murano et d’autres lieux sublimes qui font la légende de Marrakech.
Mais cette semaine, au gré d’un repas presque d’affaires
(concept bizarre que j’aurai du mal à définir plus précisément), j’ai mis les
pieds pour la première fois au Palais Char Bagh et je suis tombé sous le charme
de ce magnifique endroit.
Char Bagh est un « Relais et Chateaux » de grand
luxe ouvert il y a déjà plusieurs années au cœur de la Palmeraie. Ce sont eux
qui ont fait venir ces London Cab qu’on peut croiser parfois dans les rues de
Marrakech, et qu’ils utilisent notamment pour chercher leurs clients à
l’aéroport.
Il faut rouler longtemps au milieu des palmiers sur une
route étroite, franchir une piste à peine carrossable et traverser un village
bidonvillesque avant d’y arriver. Au cœur de la nuit, dans l’obscurité, c’est
une expérience impressionnante. Sans les panneaux qui balisent correctement la
route et la piste, on pourrait facilement céder à l’inquiétude, voire à la
panique. Mais cette angoisse se dissipe dès qu’on aperçoit une lumière
incertaine au loin, et que surgit l’imposant portail du Palais Char Bagh.
Il suffit de franchir le seuil faire un saut de plusieurs
siècles en arrière. L’hôtel a été conçu sur le modèle d’un palais mauresque du
14eme siècle et rappelle l’Alhambra de Grenade, dont il s’est inspiré avec suffisamment
de subtilité pour éviter l’écueil de la caricature et du kitch.
Un sentiment de ravissement vous envahit devant la beauté
des lieux, et au fur et à mesure qu’on avance dans l’exploration du Palais,
dans chaque nouvelle salle, on est charmé, surpris ou ébloui par un petit
détail, une astuce d’architecture ou une fontaine imposante.
La cuisine, sans tutoyer les sommets, est excellente.
Inutile de préciser que le service est irréprochable, et qu’on est, également,
charmé, surpris ou ébloui par les tarifs pratiqués. Mais on oublie facilement
la douloureuse en faisant un tour, juste avant de partir, dans la magnifique
bibliothèque.
PS : Selon Wikipedia, CharBagh est un mot persan qui désigne un
jardin quadrilatéral divisé en quatre parties par des allées (en somme, quelque
chose qui ressemble beaucoup à nos riads marocains)