Malgré un emploi du temps très chargé (et qui me tient
éloigné de mon cher blog et non moins adorés lecteurs) (au point où j’en suis,
j’ai intérêt à faire des excès de flagornerie pour me faire pardonner), malgré
donc cet emploi du temps infernal, j’ai accepté une offre alléchante :
faire partie des jurys d’oraux aux concours d’admission de l’ENCG Marrakech.
Pendant donc toute une matinée, j’ai vu défiler devant moi
quelques échantillons de la jeunesse marocaine. Près d’une vingtaine au total.
Echantillons certes, mais pas représentatifs pour autant.
Pour avoir le droit de passer le concours d’entrée de l’ENCG, il faut avoir
obtenu une moyenne minimale de 15 sur 20 au baccalauréat. Il s’agissait donc d’éléments
particulièrement brillants. Le haut du panier en somme.
Cette excellence académique ne fait qu’accentuer la gravité
de certaines impressions inspirées par ces oraux. La crème de la jeunesse
marocaine n’est pas une crème brûlée, mais elle a besoin de se reprendre en
main.
Dans leur grande majorité, ces étudiants, visiblement très
intelligents, souffrent d’une inculture et d’un manque de curiosité
affligeants. Très peu d’activités parascolaires, pas de lectures, aucun intérêt
pour la vie publique et beaucoup d’idées préconçues.
C’est le système scolaire dans son ensemble qui produit ces
mutants si peu adaptés au monde professionnel. La déification du
« par cœur », la faible
valorisation des « matières d’ouverture », les programmes chargés
jusqu’à l’absurde, etc… tout cela pousse nos meilleurs lycéens à se
recroqueviller sur leurs cahiers de cours. Tout le reste est jugé comme étant,
au mieux quelque chose de superflu, au pire quelque chose de dangereux et de
subversif qui distrait des études.
Ce système produit d’excellents techniciens mais des
citoyens incapable de s’ouvrir sur le monde et d’exercer leur esprit critique.
On comprend alors que des médecins ou des ingénieurs
adhérent aux discours les plus extrémistes.
Sur le plan professionnel, ils auront des difficultés
énormes dans les entreprises modernes où il s’agit moins de savoir faire que
savoir faire savoir, réussir à se mettre en valeur, à convaincre, etc. C’est
désespérant d’avoir en face de soi des lycéens qui ont eu plus de 17 au bac
mais ne peuvent répondre à des questions que par borborygmes et fragments de
phrases.
Cependant, le portrait que je viens de brosser est un
tableau général et quelques exceptions en atténuent la noirceur. Sur les 20
candidats que j’ai vu défiler, cinq
étaient particulièrement excellents et ont ravivé ma foi dans la jeunesse
marocaine. Sur les cinq… quatre sont des filles.
Dans l’ensemble, les filles étaient bien meilleures que les
garçons. Les autres jury ont confirmé ce constat : les filles étaient à
chaque fois plus cultivées, plus curieuses, plus charismatiques et plus sûres
d’elles-mêmes.
Décidemment, les femmes sont l’avenir et l’espoir de ce
pays.
Tout le reste est jugé comme étant, au mieux quelque chose de superflu, au pire quelque chose de dangereux et de subversif qui distrait des études.
C'est vrai malheureusement ! Le programme est si chargé qu'on a pas le temps d'ouvrir un petit bouquin ... Perso, à part les 4 romans de français qui font parti du programme, j'ai quasiment rien lu d'autre. J'essaye de me ratrapper cet été !
Je pense que les filles savent profiter des vacances en se cultivant et c'est ce qui fait la différence. (J'en ai parlé dans mon bilan d'année !)
Adamito!
Rédigé par : Adamito! | 26/07/2007 à 19:22
Je suis d'accord avec le diagnostic, qui me revolte. le pire c'est que j'etais pareil avant de venir etudier en france et m'ouvrir l'esprit.
Mais il faut pas non plus oublier qu'au maroc, on n'etudie pas par choix mais par obligation d'une hypothetique ascension sociale
Par contre cette conclusion
"On comprend alors que des médecins ou des ingénieurs adhérent aux discours les plus extrémistes."
est hative et rentre dans le meme esprit de ce que tu reproches a ces jeunes ;) Une conclusion rapide et sans ouverture d'esprit. l'emploi du conditionnel aurait moins donné l'impression que tu cherchais à debettare dessus et a comprendre le phenomène des medecins adherents a l'extremisme
je crois que le problème de l'extremisme est beaucoup plus profond que ca...
Rédigé par : jojo | 26/07/2007 à 20:54
ah, le retour! ;-)
surveille de près le prochain numéro de La Tribune de Marrakech, il sort en septembre...
Rédigé par : Fouad | 26/07/2007 à 23:25
"Dans l’ensemble, les filles étaient bien meilleures que les garçons. Les autres jury ont confirmé ce constat : les filles étaient à chaque fois plus cultivées, plus curieuses, plus charismatiques et plus sûres d’elles-mêmes.
Décidemment, les femmes sont l’avenir et l’espoir de ce pays."
C'est pas trop tôt... La justice commence à triompher (ahem, dans les cercles intellectuels du moins...
Rédigé par : Meriem | 27/07/2007 à 19:02
"Ce système produit d’excellents techniciens mais des citoyens incapable de s’ouvrir sur le monde et d’exercer leur esprit critique."
Citoyens étroits d'esprit, mais au moins qui ne connaissent pas la remise en question exixtentielle quotidienne de nous autres qui avons vécus ici avec les yeux rivés vers la France. A nous demander chaque jour si demain nous aurons le courage soit de changer les choses ici, soit de faire nos valises et partir là bas où nous ne serons pas pris pour des extra terrestres ou des mécréants.Il est dure vraiment d'avoir de l'esprit, de la culture, un avis au Maroc, il faut pouvoir l'assumer. Nous sommes victime de l'"ou3you al chaqi"!
Rédigé par : dabdoub | 31/07/2007 à 14:22
Nice. I am proud
Rédigé par : Boutayna | 02/08/2007 à 16:32
bonjour
ne te decourage pas ce que tu as ecris pourrait s'adapter parfaitement a la france
le pays de Ferry et JJ rousseau
a bientot
patrick
Rédigé par : patrick | 05/08/2007 à 14:09
Morrocan woman rock et ce n'est pas nouveau!
J'ai toujours cru plus dans le destin du maroc en voyant s'activer les gonzesses de ce pays que les males moustachus(scusez le cliché lol).
Ton analyse sur le coté technicien est très juste, pour en avoir cotoyé ici en europe de ces jeunes frais émoulus de notre cher système educatif marocain à base de " crid ou hrid".En général 2 , 3 ans passés sous d'autres latitudes suffisent à enfin dissipper les brumes de leurs cerveaux.
C'est parce qu'au maroc on n'a pas encore atteint le stade où on peut exprimer son individualité en tout bien tout honneur sans se faire traiter de mécréants, apostats et autres insultes azhariennes fleuries.
Rédigé par : supertimba | 06/08/2007 à 07:37
Pas seulement du Maroc..... :D
Rédigé par : Valérie de haute Savoie | 09/08/2007 à 20:17
Je pense que les notes obtenues au bac marocain actuel ne sont pas significatives.
Elles ne garantissent absolument pas le niveau des candidats.
Avec les fuites _devenues très courantes paraît-il_, et les autres moyens de tricher, on peut se retrouver avec des bacheliers avec 17 de moyenne au bac et qui ne savent pas aligner 2 phrases correctement.
Je pense qu'un concours d'entrée pour chaque école, ouvert à tous indépendamment de la note obtenue au bac mettrait tout le monde sur le même pied d'égalité (enfin presque...)
Rédigé par : younes | 17/08/2007 à 08:42
Ici (Tunis) aussi, on fait le mm constat, comme si on ne peut plus être brillant si on ne délaisse pas les autres réussites de la vie, les autres richesses. Les matheux délaissent les arts et cultures, les littéraires vivent dans leurs tours en ivoire, la tête dans les nuages.
Les raisons de ce désintéressement? La vie? Le dégout? Je l'ignore.
Rédigé par : Joy | 19/08/2007 à 01:19
Quand je serais ministre de l'éducation nationale..
Rédigé par : Lilicasta | 05/10/2007 à 09:36