Après les français et les anglais, voici les Emiratis qui affluent pour investir dans le tourisme et l’immobilier.
Les chiffres contenus dans les conventions d’investissements signés la semaine dernière avec des sociétés immobilières de Dubai donnent le tournis : 9 Milliards de dollars sur 10 ans, soit la moitié du budget annuel de l’état marocain ou , si vous préférez, 6 milliards de sandwichs Kefta chez Bejguini (avec supplément frites).
Pour une fois, et je m’en réjouis (je ne suis pas chauvin pour un sou), tout cet argent ne sera pas investi à Marrakech uniquement mais répartie entre Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech.
Ce sont des projets titanesques qui sont en jeu et qui bouleverseront le visage de ces villes : aménagement des berges du Bouregreg et construction d’une « Riviera » de 11Km à Rabat, Construction d’une marina à Casablanca et d’une autre à Tanger.
A Marrakech, les Emiratis vont édifier, pour 1 Milliards de dollars, deux complexes touristiques géants à Cherifia et sur la route de Ouarzazate. 1,4 milliards de dollars supplémentaires seront investis dans l’aménagement de la station de Ski de l’Oukaïmeden (à 70 km de la ville).
1,4 milliards de dollars investis à l’Oukaïmeden ! Ça ressemble à de la science fiction. Cela signifie que cette station pépère, avec ses Cinq Tire-fesses et son télésiège, se transformera en un Megève sur Atlas. En fait, les Emiratis comptent investir dans une usine de neige artificielle pour ouvrir un domaine skiable « à l'autrichienne », de 600 hectares, qui fonctionnerait en toute saison….
Je vois déjà le cœur des mécontents hurler au scandale, se plaindre de la dénaturation du site, du sacrifice de l’authenticité sur l’autel du petrodollar triomphant, etc….
Tout cela est vrai dans une certaine mesure, mais il ne faut pas oublier qu’authenticité rime souvent avec misère et pauvreté. Les montagnards de l’Oukaïmeden échangeraient volontiers leur rude mode de vie, tellement exotique et photogénique, pour des conditions de vie à « l’Autrichienne »….
Par ailleurs, on n’investit pas 1,4 milliards de dollars pour reconstituer les banlieues industrielles d’Allemagne de l’Est au cœur de l’Atlas…pour amortir de tels investissements, il vaudrai mieux que le résultat esthétique soit suffisamment convaincant pour attirer une clientèle à forts revenus.
Le bouleversement touristico-immobilier qui a commencé à Marrakech et se propage désormais à tout le Maroc est une chance historique pour le pays.
Depuis que je lis la presse économique marocaine, toutes les analyses convergent vers une même conclusion : « Seul un afflux considérable d’investissements étrangers peuvent sortir le Maroc du marasme ».
Maintenant que ces investissements « considérables » commencent à se profiler à l’horizon, nous n’allons pas leur jeter l’anathème, sous prétexte que nous risquons de ne plus reconnaître le Maroc d’antan….Il est possible de demeurer un pays authentique sans misères et enfants en guenilles qui jouent dans les ordures. Si si, c’est possible, et nous pouvons le prouver.
c'est une chance qu'il faut saisir que cet afflux de capitaux, ce dont j'ai peur c'est que ça soit une bulle sui eclate du jour au lendemain et que l'on reste 3la dess.
Rédigé par : junoon | 03/04/2006 à 19:04
Bejguini, pour ceux ki connaissent pas, c'est 3 etoiles au guide de Michelin made in Marrakech :-)
Rédigé par : hind | 04/04/2006 à 16:05
Peut-être serait-il bon de nuancer en disant que les retombées seront limitées pour les populations locales puisque les infrastructures mises en place ne seront pas dans leurs moyens (cf. les centres commerciaux sur la Côte d'Azur) et que les pauvres-mais-fiers paysans/chasseurs aux mains calleuses et à l'ignorance crasse vendront de leur vivant des terrains que leurs enfants seront incapables de racheter (cf. Alpes françaises), ce qui les conduiront à émigrer vers les centres urbains, où la pauvreté n'est peut-être pas plus drôle. Quant au commerce local, généralement, les touristes étrangers (anglais, hollandais dans les Alpes) amènent de chez eux le maximum (guides, nourriture et bière) pour consommer sur place chez les 'pays' qui s'y sont installés.
Finalement c'est très bien car ça fait des jolis mélanges et puis on ne peut rester à la culture vivrière pendant l'éternité, mais le natif, le local, eh ben, il s'est fait avoir.
Rédigé par : Mmh ? | 05/04/2006 à 19:32
Dieu sait à quel point les sandwichs Kefta chez Bejguini sont bons!
Rédigé par : JFdP | 11/04/2006 à 20:23
Bon, je ne suis pas marocaine, je ne vis pas dans la misère ni mes enfants... mais je ne suis pas sure que le modèle que tu dépeins soit un modèle économique d'enrichissement certain pour les populations locales. Quant à la préservation de la culture, à la lutte contre l'analphabétisation, etc. faut voir. Je ne parle même pas des sites à fort développement touristique qui dégradent l'intégrité d'un paysage et l'environnement en général. La question d'un modèle qui préserve les richesses d'un pays, augmente les revenus des populations et ne saccage pas tout sur son passage doit être possible... Mais on ne peut pas se voiler la face, selon moi et ne pas penser que tout ça sera sans conséquences à long terme.
Rédigé par : Linda1and5 | 16/04/2006 à 13:44
C'est vrai que tous ces projets sont bons pour le Maroc, mais encore une fois je ne vois nulle part apparaître le sort réservé entre autre aux habitants de l'Avenue des FAR qui ont été expropriés dans des appartements en périphérie de Salé. La plupart étaient des anciens militaires qui habitaient des maisons données par l'Etat et qu'ils occupaient depuis plus de 30 ans. Maintenant ils sont dans des appartements qu'ils doivent payer avec des petites pensions! Alors on parle d'éradiquer les habitats insalubres su quartier mais personne ne parle de ces maisons qui ont été occupées et embellies au fil du temps par des gens qui croyaient y finir leur vie. Maintenant, tout a déjà disparu paraît-il: le stade les casernes et ces fameuses habitations.
Rédigé par : francesca | 15/05/2006 à 14:20